Auteur/autrice : Noel Grospeiller
Un article de Dre Lyanne Fyfle, DMV, Dipl. ACVIM (Médecine interne)
Je vous présente Cornichon, une chatte stérilisée domestique de 5 ans qui a consulté au centre DMV au département de médecine interne pour une toux chronique rapportée depuis au moins 1 an, mais accentuée dans le dernier mois.
Examen et tests
À l’examen physique, on note la présence d’efforts expiratoires, ainsi qu’une tachypnée légère. Cornichon souffre d’embonpoint important, ce qui semble exacerber sa condition respiratoire, mais empêche aussi la réalisation d’une bonne auscultation cardio-respiratoire. Aucune anomalie significative n’a été notée lors de l’auscultation thoracique. Des radiographies thoraciques récentes sont disponibles pour interprétation. Une pathologie bronchique modérée généralisée est visualisée et la silhouette cardiaque suggère la possibilité d’une légère cardiomégalie.
Un bilan sanguin complet avec une T4 totale est sans anomalie significative. Sa pression sanguine se situe dans des valeurs considérées normales pour un chat en clinique vétérinaire. Un dosage des anticorps contre Dirofilaria immitis a été effectué : son résultat est positif. Ce chat souffre-t-il d’une infection aux vers du cœur ?
Troubles respiratoires
Chez le chat, les infections à D.immitis peuvent être asymptomatiques ou certains chats peuvent manifester des signes cliniques plutôt vagues. Autrement, le portrait clinique d’une infection féline aux vers du cœur est principalement d’ordre respiratoire ; tachypnée persistante, toux intermittente combinée à un effort expiratoire. Pour ces raisons, tout chat souffrant d’un syndrome clinique pouvant être suggestif d’asthme félin devrait être évalué pour la possibilité d’une infection aux vers du cœur (Heartworm-associated respiratory disease; HARD), surtout si cet animal a accès à l’extérieur. Malheureusement, avec les tests diagnostiques actuellement disponibles, il n’est pas toujours possible d’établir un diagnostic de façon confiante.
Tests antigéniques : plusieurs inconvénients
Contrairement au chien, la charge parasitaire chez le chat est habituellement très faible et souvent unisexe. Pour cette raison, la présence de microfilaires est habituellement de faible à nulle chez cette race. Les techniques utilisant des méthodes de concentration pour la détection de microfilaires, tel que le modified knot test ou les filtres milipores, demeurent très peu sensibles du point de vue diagnostique.
Les tests antigéniques, aujourd’hui considérés comme la norme diagnostique chez le chien, présentent aussi plusieurs inconvénients chez le chat. Ces tests peuvent détecter la présence d’un seul ver adulte femelle, mais les infections félines peuvent être associées à la présence uniquement de vers mâles. Une étude américaine effectuée sur des nécropsies de chats de refuge a d’ailleurs révélé que 30 à 50 % des chats infectés à D.immitis avaient une infection associée uniquement à la présence de vers mâles.
Une infection récente (présence de vers immatures) ou la présence de complexes antigène-anticorps pouvant interférer avec le test antigénique sont aussi d’autres explications pour la faible sensibilité des tests antigéniques chez le chat.
Il est d’ailleurs préférable de dire d’un test antigénique négatif chez le chat qu’il ne démontre pas la présence d’antigène détectable. Les tests détectant les anticorps félins contre D.immitis sont préférables comme outil diagnostique, vu leur plus grande sensibilité (moins de faux négatifs). Les vers mâles et femelles même immatures (aussi tôt que deux mois) ont la capacité de stimuler la production d’anticorps. Ce test est aussi préférable pour la détection d’infections félines, car des changements histologiques pulmonaires sont notés sur les chats infectés uniquement par des vers au stade larvaire.
Cependant, ce test ne nous permet pas de différencier entre une infection active ou passée. Certains changements radiographiques (élargissement artériel) ou échocardiographiques (présence de vers adultes) peuvent augmenter l’index de suspicion d’une infection féline aux vers du cœur (voir tableau 1).
Traitement
Contrairement au chien, les traitements d’adulticides sont peu recommandés et plutôt utilisés en dernier recours. Étant donné que les signes cliniques chez le chat sont surtout secondaires à la réaction inflammatoire faisant suite à la mort des vers adultes, et non à la charge parasitaire elle-même, il existe peu davantage au traitement adulticide. La mélarsomine étant considérée comme potentiellement toxique chez le chat, lorsqu’un traitement aux adulticides est préconisé, de l’ivermectin est surtout utilisé. Une solution de rechange aux adulticides, lorsque jugée nécessaire, est l’extraction parasitaire chirurgicale.
Si l’animal ne démontre pas de signes cliniques respiratoires, un suivi physique, sérologique et radiographique peut seulement être recommandé aux 3 à 12 mois. Étant donné la durée de vie plus courte (2 à 3 ans) de D.immitis chez le chat, la charge parasitaire habituellement faible et la rareté de microfilaires en circulation, il peut être préférable de laisser la maladie suivre son cours chez le patient asymptomatique. Autrement, les signes cliniques sont principalement gérés à l’aide de prednisolone à dose décroissante. Certains patients peuvent nécessiter des soins intensifs si une réaction anaphylactique (traitement de choc, oxygénothérapie, bronchodilatateur…) importante se manifeste.
Les anti-inflammatoires non stéroïdiens ainsi que l’aspirine ne semblent pas apporter de bénéfices aux patients félins souffrant de dirofilariose, et pourraient même exacerber les lésions au parenchyme pulmonaire.
Traitement préventif
Malgré une population féline au Québec vivant en grande majorité exclusivement à l’intérieur, un traitement préventif pendant les mois à risque, ou à l’année peut être recommandé. Selon une étude rétrospective, 25 % des chats ayant été infectés par le ver du cœur n’avaient pas d’accessibilité à l’extérieur. L’utilisation d’une chémoprophylaxie pour les vers du cœur chez le chat n’est pas tributaire des résultats sérologiques.
En conclusion, les infections aux vers du cœur, même si elles sont rares, sont toutefois possibles chez le chat au Québec. Ces félins ne sont pas toujours cliniquement affectés, mais un chat présentant des signes cliniques respiratoires compatibles devrait être évalué par la possibilité d’une dirofilariose. Le test de dépistage préconisé est le dosage des anticorps contre D.immitis. Un traitement est recommandé lorsque l’animal présente des signes cliniques, et se résume principalement à l’utilisation de corticoïdes. Malgré une population qui peut sembler à première vue à faible risque, un traitement préventif peut quand même être préconisé.
Pour plus d’information sur les infections félines à D.immitis, veuillez consulter le site suivant : American heartworm society
Pour télécharger le Focus du 14 mai 2014, cliquez ici.
Dre Caroline de Jaham, directrice générale du Centre vétérinaire DMV et présidente d’Anima-Québec, a été interviewée le 6 mai, à l’émission Salut Bonjour! de TVA, au sujet de la maltraitance animale au Québec, un sujet que nous avons tous à coeur.
Cliquez sur l’image pour visionner cette entrevue sur le site de TVA.
Afin d’améliorer nos outils diagnostiques dans le domaine de l’imagerie médicale, le Centre DMV s’est récemment doté d’un tout nouveau CT-scan. Des examens de tomodensitométrie étaient déjà disponibles depuis quelques années au Centre par l’entremise de notre ancienne machine, mais nous restions limités dans les types d’examens disponibles.
Notre nouveau bébé, un Toshiba Aquilion 16, nous permet maintenant de faire l’acquisition combinée de plusieurs coupes anatomiques à chaque rotation du tube radiographique. Ceci réduit considérablement le temps d’acquisition (jusqu’à un facteur de 16) et permet d’obtenir des coupes anatomiques beaucoup plus minces qu’auparavant.
Examens sous sédation
Plusieurs avantages découlent de la diminution du temps d’examen. Le plus probant est certainement la possibilité d’effectuer maintenant la plupart de nos examens sur des patients sous sédation plutôt que sous anesthésie générale. Ceci permet donc à la fois de limiter les coûts pour le client et d’agrandir le spectre des patients qui peuvent subir cet examen.
Des patients instables pour qui une anesthésie générale pourrait être dangereuse peuvent maintenant profiter de l’apport diagnostic du CT-scan s’ils sont à même de supporter une sédation profonde.
De plus, un petit ajout à notre matériel de contention, le VetMouse TrapTM, est maintenant disponible pour effectuer certains examens de chats instables sans même devoir administrer de sédation. Il s’agit d’un cylindre de plastique vide qui peut tout juste contenir l’animal dans une position confortable et stable, avec un orifice d’apport d’oxygène enrichi au besoin.
Des examens plus spécifiques
La gamme d’examens disponibles avec notre nouvelle machine s’est aussi élargie : nous pouvons maintenant effectuer des examens plus spécifiques de certaines régions ou de certaines pathologies.
Les hernies discales restent actuellement les pathologies les plus visées par nos examens. Cavités nasales, bulles tympaniques, thorax pour recherche de métastases ou autres pathologies thoraciques, abdomen de très gros chien, lipomes infiltrants, examens myoarthrosquelettiques divers, sont aussi toujours au menu. La version 2.0 de ces examens trouve toutefois son avantage dans l’acquisition de coupes plus fines et donc plus précises.
La qualité des examens de contraste est aussi de beaucoup améliorée.
Parmi les nouveaux examens qui peuvent maintenant être effectués, on doit compter les recherches de shunts porto systémiques, les examens de fractures complexes, les bilans d’extensions complets (whole body scan) pour les patients accidentés ou cancéreux, et même l’imagerie de base du cerveau sur les patients instables (recherche d’une hémorragie intracrânienne par exemple).
Évaluation préalable
Si un vétérinaire référant désire nous envoyer un patient pour obtenir un CT-scan, les propriétaires doivent être mis au courant que d’autres tests ou traitements pourraient aussi devenir nécessaires, selon les résultats obtenus lors de l’examen. C’est dans cette optique que les références pour CT-scan doivent être effectuées par l’entremise d’un département autre que celui d’imagerie.
Qu’il s’agisse du département de médecine interne, de neurologie, de l’urgence ou tout autre département du Centre, le futur « scanné » sera évalué par ce département puis le CT-scan pourra par la suite être effectué en collaboration avec le département d’imagerie.
Les radiologistes du Centre ainsi que leur équipe restent évidemment disponibles pour répondre aux questions des vétérinaires pour d’éventuelles références de cas pour CT-Scan. Ne vous gênez pas pour vous renseigner sur notre petit nouveau… nous en sommes si fier !
Dr Hugo Joly, DMV, Radiologiste (DACVR)
Dans ce numéro, Dre Helaine Haltrecht explique comment l’acupuncture et des suppléments naturels peuvent régler un problème de diarrhée chronique.
Pour télécharger l’article, cliquez ici.
Ce numéro du Focus DMV propose un article sur la luxation médiale de la rotule chez le chien. L’article explique en détail les symptômes, les causes et les traitements et pronostic pour cette condition médicale.
Pour télécharger ce numéro, cliquez ici.
L’augmentation de la résistance des bactéries aux antibiotiques est une préoccupation mondiale en matière de santé animale et de santé publique. Pour la freiner, il est important d’utiliser les antibiotiques de façon judicieuse. C’est le message de la campagne « Les antibiotiques : en faire bon usage, c’est sage! », lancée en octobre dernier par la Stratégie québécoise de santé et de bien-être des animaux.
Cette stratégie est le fruit de la collaboration de neuf organisations partenaires de la Stratégie, réunies depuis 2011 :
- Association des médecins vétérinaires du Québec en pratique des petits animaux;
- Association des médecins vétérinaires équins du Québec;
- Association des médecins vétérinaires en industrie animale du Québec;
- Association québécoise des industries de nutrition animale et céréalière;
- Association des médecins vétérinaires praticiens du Québec;
- Faculté de médecine vétérinaire de l’Université de Montréal;
- Ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation;
- Ordre des médecins vétérinaires du Québec;
- Union des producteurs agricoles.
Cette collaboration a conçu des outils de sensibilisation destinés aux propriétaires d’animaux de compagnie, de loisir et d’élevage pour les inciter à utiliser les antibiotiques de manière appropriée.
Des bactéries de plus en plus résistantes aux antibiotiques
L’antibiorésistance apparaît lorsqu’un antibiotique ne parvient plus à détruire certaines bactéries ou à freiner leur croissance. L’augmentation de la résistance des bactéries peut rendre plus difficile le traitement d’une infection, que ce soit chez les humains ou chez les animaux.
Cela peut vouloir dire :
- une prolongation de la durée de la maladie;
- un plus grand risque que la bactérie se propage;
- une augmentation possible de la douleur (souffrance);
- des soins plus coûteux;
- un risque de mortalité plus élevé;
- des pertes financières pour les éleveurs d’animaux de production.
Un emploi responsable des antibiotiques dans tous les domaines ayant trait à la santé contribue à conserver l’efficacité des antibiotiques qui sont souvent essentiels au traitement des maladies tant chez les humains que chez les animaux. Cela concourt non seulement à la protection de la santé humaine et de la santé des animaux, mais aussi à la santé économique des entreprises agricoles qui se consacrent à la production animale.
Certaines mesures permettent aux propriétaires d’animaux de compagnie, de loisir et d’élevage de réduire le besoin de recourir aux antibiotiques pour leurs animaux :
- Adopter des pratiques appropriées d’hygiène et de biosécurité afin de diminuer les risques de maladie chez leurs animaux;
- Faire appel au médecin vétérinaire de façon régulière;
- Augmenter la résistance à l’égard de certaines maladies, par exemple au moyen de la vaccination;
- Utiliser des antibiotiques seulement sur ordonnance d’un médecin vétérinaire, comme le prescrit la loi en vigueur au Québec;
- Suivre les directives précisées sur l’ordonnance, comme la durée et le dosage du traitement ou, pour les éleveurs, la période de retrait, soit le temps à respecter entre la dernière administration du médicament et l’abattage de l’animal ou la récolte de l’aliment de consommation (tels le lait, les oeufs ou le miel).
Il demeure aussi essentiel que les propriétaires d’animaux fassent appel aux professionnels de la santé animale. Par exemple, le médecin vétérinaire est à même d’appliquer les meilleures méthodes en matière de diagnostic et de proposer les traitements les plus efficaces pour soigner des maladies. S’il peut prescrire des antibiotiques, le médecin vétérinaire peut aussi bénéficier d’outils diagnostiques, tels que les services des laboratoires en santé animale, pour l’aider à choisir l’antibiotique qui convient le mieux pour traiter un animal malade.
LIENS UTILES:
Renseignements sur la Stratégie québécoise de santé et de bien-être des animaux
Vidéo campagne de sensibilisation sur l’usage judicieux des antibiotiques
Dans ce numéro, vous trouverez la première partie d’une fiche technique rédigée par Dre Dominique Paquette, neurologue, et Dr Clément Musso. Cette fiche présente les types de hernies discales chez le chien, l’ordre d’apparition des symptômes et les tests diagnostic à recommander.
Pour télécharger cette fiche, cliquez ici.
Il y a 20 ans, un comité de plusieurs vétérinaires généraux montait le fou et fabuleux projet de créer un centre vétérinaire ouvert 24 heures qui offrirait un service d’urgence et de spécialités.
Ce comité était avant-gardiste et visionnaire. Le Dr Michel Gosselin en faisait partie et a porté ce projet à bout de bras jusqu’à sa réalisation.
C’était le 16 décembre 1993… et c’est ma date d’embauche officielle sur mon talon de paye! C’était il y a 20 ans.
Il y a tellement de souvenirs pour moi de ces 20 dernières années!
Le week-end d’avant, l’équipe était rentrée pour passer la commande de médicaments et les planchers n’étaient même pas encore secs. Nous étions alors dans un autre bâtiment, sur la transcanadienne. Continue reading « 20 ans de souvenirs au DMV »
Dr Matthieu Gatineau a préparé pour vous cette fiche technique intitulée La rupture du ligament croisé crânial chez le chien.
Le temps des Fêtes est toujours un moment périlleux pour les animaux de compagnie. Téléchargez, puis affichez ou distribuez le document suivant pour informer vos clients des précautions à prendre :