Focus du 29 avril 2015
Débit « traditionnel » de fluides intraveineux lors d’anesthésie générale :
la goutte d’eau en trop ?
sous la responsabilité de Dr Jean-Jacques Kona-Boun
La question du débit approprié de fluides intraveineux pour l’entretien de base durant l’anesthésie générale est un sujet de débat depuis de nombreuses années en médecine humaine, comme le montre la littérature scientifique abondante sur le sujet, et plus récemment en médecine vétérinaire. De nombreuses publications rapportent les effets délétères (surcharge hydrique, hémodilution, oedème, entrave à la cicatrisation, retard du retour de motilité intestinale) d’une fluidothérapie peropératoire trop généreuse et suggèrent d’ajuster à la baisse le débit des fluides intraveineux de routine. Parallèlement, plusieurs études, en médecines humaine et vétérinaire, ont montré la relative inefficacité et l’absence de bénéfice des débits conventionnels (c’est-à-dire non restreints) de fluides
intraveineux pour la correction de l’hypotension survenant chez des patients normovolémiques sous anesthésie volatile, et même avec des débits élevés, incluant des bolus.
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Récemment, l’American Animal Hospital Association et l’American Association of Feline Practitioners ont conjointement émis des recommandations relatives à la fluidothérapie chez le chien et le chat, avec une mention sur la période anesthésique.
Ces recommandations soulignent l’absence de justification du débit « traditionnel » de base de solutions cristalloïdes isotoniques durant l’anesthésie générale, soit 10 ml/kg/h. Selon ces recommandations, le débit d’entretien devrait être plus bas, autour de 3 (chat) et 5 (chien) ml/kg/h, si les paramètres hémodynamiques et de perfusion tissulaire sont adéquats.
La plupart du temps, lors d’hypotension survenant durant l’anesthésie générale volatile, un patient normovolémique, non déshydraté, bénéficiera de techniques permettant de diminuer la dose d’agent anesthésique volatil (anesthésie locorégionale, perfusions antinociceptives)
et de médicaments permettant de rétablir la fonction cardiovasculaire (chronotropes positifs, inotropes positifs, vasopresseurs, selon les situations), plus que de la fluidothérapie intraveineuse excessive.
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Dr Jean-Jacques Kona-Boun
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